Notre vécu de la Jordanie... c'est tout d'abord de jolies rencontres.

Des rencontres ponctuelles, plus ou moins éphémères; des liens pérennes qui tissent le chemin de notre voyage, nous façonnent, nous enrichissent...

Dans la rue ou au cours de randonnées; un sourire; un "hello ! Welcome in Jordan" reçu, un "Salam Haleykoum" et quelques mots d'arabes / anglais échangés en retour; une invitation à prendre le thé dans la rue ou la cour d'une maison; des discussions dans un taxi ou sous les oliviers ; des bouteilles d'eau, fruits, pâtisseries orientales et autres petits gestes offerts... Apprendre à donner; apprendre à recevoir... 

Ca nous a touché de recevoir tant de petites attentions, sans que l'on n'attende rien de notre part, en retour... Donner, simplement, pour la beauté du geste. Je vous donne ces quelques fruits, en toute simplicité, à vous, qui croisez mon chemin et que je ne reverrai probablement pas...

Voilà donc notre premier contact avec la Jordanie ! "La main sur le coeur; le coeur sur la main"... 

 

Comme dans la vie en général, voyager demande une certaine mobilité de pensée. Une expérience ne fait pas l'autre. Un vécu à un instant T, à un lieu L ne saurait être généralisable à ce que l'on pourra vivre dans l'ensemble du pays. En effet, nous n'avons pas reçu cet accueil-ci dans toute la Jordanie. Dès que nous nous approchons des zones les plus touristiques, les échanges peuvent avoir tendance à se réduire aux échanges pécuniers que peuvent apporter les touristes...   Le pays des bisounours n'existant a priori pas (en nous excusant pour cette révélation !), chacun est susceptible de croiser des personnes plus ou moins bien intentionnées sur son chemin.

 

Parmi les jolies rencontres que nous avons croisées sur notre chemin :

Antoine et Kadidja qui après avoir fait un tour du monde de trois ans, sans prendre l'avion, ont décidé de poser leurs valises en Jordanie pour y faire naître leur fille, Inaya. Ils travaillent dans le domaine de la permaculture, sont en lien avec Pierre Rabhi. Faire reverdir le désert comme la Jordanie, tel est leur projet. 

 

Namliyeh, une équipe de 6 jeunes femmes venant de différents coins de la planète, ayant décidé de quitter leur métier d'architecte pour se consacrer à un projet faisant sens  dans leur  vie : confectionner des thés (correspondant chacun à un paysage que l'on trouve en Jordanie : montagne; désert; plaine; vallée) et des confitures bio. Nous avons participé à leur "tea & jam party" ! Elles ont un cahier des charges rigoureux, se déplacent elles-même pour choisir les producteurs de fruits avec lesquels elles travailleront.

 

Ashraf, pédiatre à Madaba qui offre une belle partie de son temps libre pour soigner bénévolement des réfugiés syriens. L'occasion d'échanger sur les conditions de vie de ces personnes qui tentent de trouver un refuge, que ce soit en Jordanie, en France ou ailleurs...

 

Imad qui s'arrête avant même que nous ayons commencé à lever le pouce, nous proposant de nous emmener voir son atelier de menuiserie et des lieux "ne figurant pas dans les guides touristiques", avec son ami Ali ! 4h passés ensemble... Saveurs de la communication verbale et non verbale ! Imad imitant une poule pour demander des oeufs en Angleterre, ça vaut le détour !

 

Nouhamed, 21 ans, qui a déposé un brevet : en parallele de ses études, il travaille sur ce projet de recyclage d'un certain type de plastique en blocs de revêtement pour le sol (intérieur ou extérieur), permettant un accès facile à tout ce qui est électricité, plomberie... en cas de problème

 

Athala qui, tombé amoureux d'une jolie Egyptienne, alla demander sa main chez ses parents une à deux fois par mois, en Egypte, durant 4 ans, avant qu'ils ne finissent par céder...

 

Awad qui avait pour projet de voyager de Jordanie en Inde, avec trois chameaux "de compétition", en se guidant à l'aide des étoiles, 8 mois durant. Les sponsors étaient trouvés, le projet bien défini, l'énergie était là... jusqu'à ce que la guerre n'éclate en Syrie...

 

Marie-Claire qui se bat corps et âme pour obtenir un visa français pour une jeune amie syrienne coincée dans un camp de réfugiés qui se trouvent tous dans une situation infernale, coincés entre la Syrie, l'Irak et la Jordanie... Le camp d'al-Rukban, dont on n'entend peu parler... Marie-Claire qui s'est également totalement investie pour réaliser son documentaire sur la vie des Bédouins, sujet qui lui tient particulièrement à coeur...

 

 

Des Palestiniens qui nous évoquent leur situation...

De jeunes Jordaniens qui rêvent d'Amérique...

 

Ghassab, Nail, Samira, Kasem, Iman, Nabil, Khaled, cueilleurs d'olives, cultivatrices de tomates, simples passants et bien d'autres !

 

 

L'occasion de nous interroger encore et toujours sur les impacts des médias. L'image de la femme occidentale (comme étant une femme plus que libre...) qui y est véhiculée et atteint notre image dans certaines parties du monde... L'image d'un Islam uniquement radical et extrême suscitant la peur, qui affecte l'image des musulmans en Europe et pas que... Tentez d'évoquer "Daesh" et on vous répondra que ce ne sont pas des musulmans "ça" ! Nos échanges sur l'Islam, les paroles d'ouverture, de paix, d'amour, de tolérance, d'accueil permettent d'apporter des nuances différentes... Repensons également à Ashraf nous demandant si "c'est vrai que la France n'aime pas que les femmes se voilent" et nous interrogeant sur "l'histoire du burkini"... 

 

Trève de réflexions, la Jordanie, c'est aussi le plaisir des papilles ! Thé à la sauge, à la menthe, à la cardamone... Mansef, Maglouba, Chawarma... Nombreux sont les plats à base de riz-poulet-légumes, et nous nous régalons dès que nous lâchons notre "pain-thon-vache-qui-rit" de pique-nique !!!

 

Enfin, niveau randonnées, nos mollets s'en donnent à coeur joie ! Nous avons pu randonner dans les paysages "verts" du nord qui tranchent avec le reste du pays (montagneux et extrêmement sec). D'ailleurs, en tant que Normands nous sommes particulièrement fiers d'avoir assisté à la première "pluie"  de l'année ! Gambader dans Pétra, sur les traces des Nabathéens, ou dans le désert du Wadi Rum ne peut nous laisser indifférents... Se trouver sur les traces de ces hommes et femmes... Si lointain temporellement et pourtant si proche spatialement... Comment ne pas être touchés en voyant la frontière syrienne... la frontière palestienne... Se baigner dans la mer rouge tout en voyant l'Egypte en face, la Palestine sur notre droite... Se baigner dans la même mer... 

 

Voilà pour nos impressions du moment... On vous en dira plus à notre retour !